Semis et plantations : principes clés pour ne pas les rater

La journée portes ouvertes de l’EPLEFPA Les Sillons de Haute Alsace organisée le 16 mars 2019 fut l’occasion d’un rendez-vous du jardinage écologique consacré à une étape clé dans la saison de jardinage : les semis et plantations.

L’enjeu est de permettre aux plantes de se développer dès les premiers stades dans les meilleures conditions possibles afin de leur conférer un bon état sanitaire, gage de réussite pour la suite des étapes de culture.

Le petit groupe du matin a laissé place à un groupe plus étoffé l’après-midi, pour un programme similaire, enrichi des questions-réponses et compléments apportés par les participants.

Semis des jeunes plants

Le mois de mars est propice au démarrage des premiers semis de jeunes plants, au chaud, en prévision de leur plantation en pleine terre à la faveur des beaux jours du mois d’avril et mai. Salades, choux, céleris, fenouils, poireaux, aromatiques, et même les cultures d’été dont le cycle est assez long avant l’obtention de plants suffisamment développés peuvent être démarrés en mars (et même avant pour certaines espères, a fortiori si on dispose d’une petite serre pour implanter des premières cultures alors que le printemps démarre tout juste…).

Anticiper !

A titre d’information, le tableau ci-dessous reprend les indications sur les cycles de production de plants apportées par Mathieu Merckling, chef de culture de l’atelier horticulture des Jardins du Pflixbourg lors d’une animation de 2017 consacrée à la production de jeunes plants. Ces informations sont particulièrement utiles pour éviter de semer trop tard, ou trop tôt – au risque dans ce deuxième cas d’obtenir des plants qui s’étiolent,c’est à dire dont la tige s’allonge à la recherche de lumière en raison du décalage entre la température des pièces de la maison et la quantité de lumière disponible (filtrée par les vitres et limitée par la durée du jour).

EspèceDurée de vie des
semences (années)
T°C optimale de
germination
Durée du cycle
de production
des plants (semaines)
Aubergine6228 à 12
Betterave6225 à 8
Céleri7207 à 10
Chicorée8203 à 5
Chou5224 à 8
Concombre10283 à 4
Courgette6283 à 4
Courge5283 à 5
Laitue4203 à 7
Oignon2207 à 10
Poivron4287 à 11
Poireau22210 à 14
Tomate4256 à 11
Persil3255 à 8
Basilic285 à 7
Mâche5204 à 6

Les jeunes plants peuvent être réalisés dans des petits godets, en plaques alvéolées conçues spécialement pour cela et dans tout contenant de récupération (pots de yaourt, barquettes de glace…) à condition d’assurer un bon drainage. La stagnation d’eau est une source de développement de maladies et d’asphyxie des jeunes plantules. L’humidité du substrat (terreau ou autre) sera à surveiller de près (humide mais non gorgé d’eau).

Jeunes plants de salades dans des plaques alvéolées aux Jardins du Pflixbourg. Ici le terreau est recouvert de vermiculite pour maintenir une meilleure humidité.

Choisir un substrat adapté

Pour la réalisation des semis, il est très important de choisir un substrat adapté. Il doit réunir les caractéristiques suivantes : retenir l’eau tout en permettant son écoulement, contenir des nutriments pour les jeunes plantes, être suffisamment fin pour assurer un bon contact entre les graines et le substrat afin de garantir leur germination. Il est possible d’acheter en jardinerie des terreaux dédiés au semis. Se reporter aux indications mentionnées sur les emballages. Il est aussi possible de réaliser soit même un substrat adapté, en utilisant par exemple un mélange de terre de jardin, de sable, de compost (très mur et tamisé). L’essentiel est d’obtenir un assemblage réunissant les caractéristiques ci-dessus. Traditionnellement, le compost de feuilles mortes de feuillus servait à réaliser du terreau de semis. Entassées pendant une année au moins, les feuilles sont transformées en une matière organique sombre et fine bien adaptée à la réalisation des semis.

Arroser, puis semer !

Un problème souvent rencontré est la dispersion des graines et du terreau qui les recouvre lors du premier arrosage. Pour éviter cela, il est utile d’arroser le terreau avant de semer (les graines sont ensuite recouvertes avec une fine couche de terreau) et d’arroser léger avec une pomme d’arrosoir à jets fins ou encore mieux avec une rampe adaptée aux arrosoirs, ce type de rampe étant à l’origine commercialisé pour disperser des herbicides chimiques. Pour les bricoleurs, il est possible de se fabriquer une tel rampe à l’aide de morceaux de tuyaux souples ou rigides et un foret très fin de perceuse.

Pour éviter tout excès d’eau, il est possible de placer les godets ou plaques alvéolées dans des soucoupes rondes ou rectangulaires pour jardinières, et de verser l’eau directement dans la soucoupe. Par capillarité, elle remontera dans le terreau et l’humidifiera.

Semer en pleine terre

Autre occupation du moment : les semis en extérieur en pleine terre. Pour ceux qui ont raté le coche des semis en gel, le mois de mars est la période où de nombreux semis peuvent démarrer au jardin : salades, pois, fèves, carottes, radis, pépinière de poireaux et d’oignons… A cette période, une protection thermique à l’aide d’un voile de forçage est vivement recommandée.

Comme pour les semis destinés à la production de jeunes plants, plusieurs principes méritent d’être suivis pour réussir les semis :

  • disposer d’un sol suffisamment meuble pour assurer un bon contact sol-graine et que les jeunes racines puissent se développer convenablement,
  • maintenir une humidité suffisante pour initier la germination et assurer l’alimentation en eau de la jeune plante (à cette période, contrairement aux mois de printemps avancés, à l’été et à l’automne, il y a moins de risques de sols secs),
  • enterrer les graines suffisamment mais pas trop pour leur permettre de germer puis émerger. La taille d’une graine détermine sa quantité de réserves nutritives. Une petite graine aura moins de réserve et en principe devra être enfouie moins profondément qu’une grosse graine. Hormis les grosses graines de type pois, fèves, haricots, courges, maïs, tournesol… un enfouissement à 1 cm maximum est suffisant pour toutes les espèces. Pour les grosses graines, enfouir un peu plus profond peut permettre d’assurer une meilleure humidité durable autour de la graine, particulièrement en période de fin de printemps et d’été.
  • semer dans de bonnes conditions de température (notamment au printemps, un sol non travaillé et paillé se réchauffera moins vite qu’un sol nu travaillé…). Plus le sol est froid (<10°C) plus longtemps durera la phase de germination.

S’agissant des écartements entre graines au semis, se reporter aux indications fournies dans tous les ouvrages de jardinage potager, également à celles qui figurent sur les sachets de semences. Ces indications sont à adapter à la pratique de chacun, et notamment déterminées par des implantations mixées (associations) ou non, par le type de sol et la façon dont on le travaille, par ses outils, ses capacités physiques, ses modes d’arrosage (notamment en cas d’arrosage localisé comme le goutte-à-goutte), par la présence de paillage ou non, par la surface de jardin dont on dispose… se rappeler néanmoins le proverbe suivant : qui sème dru, récolte menu !

Planter en pleine terre

Les mêmes préconisations que pour les semis sont à garder à l’esprit : une plante se développera d’autant mieux – et sera donc en meilleure santé – si son installation est réussie. Le sol doit donc :

  • être suffisamment meuble pour permettre la prospection des racines (aération et porosité obtenues par travail du sol ou grâce à d’autres pratiques : engrais verts, couverture du sol avec des mulchs organiques, apports réguliers de matières organiques de type compost, etc.), faciliter son réchauffement au printemps (grâce à la circulation de l’eau et de l’air et à l’absorption de la chaleur issue du rayonnement solaire),
  • humide mas non gorgé d’eau,
  • le plus propre possible eu égard à la présence d’herbes spontanées (adventices) qui exerceront sinon une concurrence importante vis-à-vis des jeunes plants en étant déjà bien installées.

Lors de l’animation du 16 mars, le sol, détrempé par une semaine très pluvieuse n’a pas permis de donner lieu à un exercice pratique « grandeur nature ». Fort heureusement, le bac à sable à proximité des jardins a permis de donner des exemples de techniques de plantation pour les cultures suivantes :

  • Pommes de terre : il est conseillé de faire pré-germer les plants au chaud (à l’intérieur de la maison à la lumière) pour accélérer la pousse des germes après la plantation des tubercules au jardin. Pour cela, il suffit d’exposer les tubercules à la lumière afin d’obtenir en quelques semaines des germes d’environ 0.5 à 1 cm, bien trapus. Les tubercules sont ensuite plantés, germes vers le haut. Des germes émergent les racines et les feuilles de pomme de terre.
  • Oignons, échalotes, aulx : les bulbes ou gousses sont plantés en veillant à bien mettre le plateau racinaire vers le bas (zone plus plate d’où émergeront les racines). Un simple enfoncement à la main dans le sol suffit lorsque le sol est meuble. Écartement de 10 cm environ entre les oignons et gousses d’ail, 15 cm entre échalotes sur la ligne.
  • Plants en mottes : si les racines ne sortent de la motte que par le dessous, la motte peut être posée au sol sans être beaucoup enterrée (veiller au maintien de l’humidité au début). Si les racines sont aussi développées sur les pourtours de la motte : enterrer la motte pour permettre aux racines latérales de poursuivre leur croissance. En cas de production de ses propres plants, veiller à ne pas attendre que les racines s’entortillent autour de la motte avant de planter, cela retarderait la reprise au moment de la plantation. Le stade idéal a lieu quand les racines ont bien colonisé la motte et qu’elles commencent à émerger sur son pourtour et dessous.