Bonjour à tous,
Jeudi 2 Novembre s’est tenue la visite conclusive de l’essai SEFerSol en maraîchage biologique. Malgré un temps mitigé, la journée fut une réussite et l’affluence au rendez-vous avec plus d’une quarantaine de présents au long de la journée.
Pour ceux qui n’ont pu être présents ou qui souhaiteraient se replonger dans les présentations de la journée, en voici un résumé contenant les documents fournis tout au long de la visite.
Test à la bêche
La journée a débuté sous une pluie fine par un test à la bêche, réalisé sous la houlette de Christophe Barbot, de la Chambre d’Agriculture d’Alsace.
Le test à la bêche consiste à prélever une bêchée de terre au sein de la parcelle et à l’étudier au regard d’une grille de notation. Sur SEFerSol, nous utilisons la grille de notation suivante (selon Görbing, réadapté par Christophe Barbot) : Grille de notation
A la suite de cette démonstration, Christophe a présenté les résultats des différents tests à la bêche réalisés au cours des 9 années du projet. On observe clairement que les systèmes innovants se démarquent de la Référence (à partir de la deuxième année du projet, jamais un système innovant n’a fait moins bien que la Référence)
En particulier, les systèmes innovants ont une meilleure structure en « profondeur » (15-30 cm) tant au niveau des agrégats que de la porosité. Retrouvez tous les résultats ici : Test à la bêche
Fertilité biologique
La suite de la matinée s’est déroulée au sec. Najat Nassr, du Laboratoire RITTMO a présenté les résultats obtenus en termes de fertilité biologique, et particulièrement microbiologique. Elle a ainsi pu mettre en évidence les différences entre systèmes, notamment les meilleurs performances de CONS en termes de respiration microbienne induite (c’est à dire potentielle) et de stabilité structurale. Retrouvez le détail ici : Micro-organismes
Fertilité chimique
Enfin, pour terminer la matinée, Elie Langard, de l’EPLEFPA LSHA a présenté les résultats au niveau de la matière organique et de la chimie du sol. En particulier, il a mis en lumière les différence entre CONS et les autres systèmes au niveau matière organique (+ de MO, %MO liée plus élevé, C/N plus élevé,…), au niveau de la minéralisation du carbone (ce qui contrebalance le C/N plus élevé), ou encore au niveau de la CEC, avec une CEC plus importante et un peu moins déséquilibrée (% moindre de Calcium au profit du Potassium)
En parlant du Potassium, il est un facteur différenciant entre les systèmes : présent en grandes quantité sur CONS, il est à la limite du manque sur EVMAX, risque renforcé par un rapport K/MG défavorable.
Par ailleurs, on notera la différence au niveau de l’humidité du sol, à savoir une différence moyenne de 2% de taux d’humidité sur les 8 ans du projet. Pour retrouver l’ensemble des résultats (avec en bonus la concentration des eaux de drainage en azote et les rendements) : Chimie
Outils du projet
Après la pause méridienne, la journée a repris avec la présentation des outils construits spécifiquement pour le projet, avec Guillaume Delaunay, de l’Atelier Paysan, en outre à l’origine du projet SEFerSol. On y retrouva butteuse à planche, cultibutte, vibroplanche, roloflex, et malheureusement pas le strip-till qui était inaccessible. Pour retrouver les principales fonctions et limites de ces outils : Outils atelier paysan
Adventices
Retour en salle pour la présentation des mesures d’adventices, par Marie Nussbaumer, de Planète Légumes Fleurs et Plantes. Ces relevés, conduits depuis 5 ans, ont été mis en parallèle avec les ITK de chaque culture que vous pouvez retrouver ici
On en retiendra en particulier que l’expression des adventices est très inférieure sur le système CONS par rapport aux deux autres systèmes. Par ailleurs, les adventices se spécialisent : plus de vivaces et de graminées sur le système CONS, tandis que les deux autres systèmes présentent plutôt des annuelles et des dicotylédones. Tout le détail sur les adventices ici : Adventices
Analyse multicritère
Pour apporter des réponses sur les aspects technico-économique, Clément Munier, de la Chambre d’Agriculture du Grand-Est et Elie Langard ont réalisé une analyse technico-économique, reprenant différents paramètres sous forme d’un diagramme radar. Au bilan, on retrouve des systèmes aux performances comparables en termes de temps de travail et de rendement, mais un système CONS moins rentable, moins autonome en intrant et plus risqué en termes de rejets de nitrates. Retrouvez le diagramme radar de chaque système ici : Analyse Multicritère
et pour le tableau d’analyse plus complet, téléchargez le excel
Conclusion
La journée s’est achevée par une discussion animée par Maryna Bogdanok, de Bio en Grand-Est avec les participants, afin de récolter leurs impressions sur la journée, sur les informations qui leur ont été présentées ainsi que sur leurs questions résiduelles.
Voici ce qui en est ressorti :
- Les résultats sont difficilement transposable à un autre contexte
- Les données sont nombreuses et riches mais semblent difficile à interpréter
- La réduction des adventices sur CONS, en particulier le peu de vivaces présentes
- Le système CONS semble performant, avec des effets positifs sur le sol et un fonctionnement des sols, en particulier au niveau de la MO, bien différent. La taille et la couleur des poireaux présents a également marqué
- Le système EVMAX a une bonne utilité (pour un autre groupe, une utilité moyenne) pour le sol mais pose des questions en termes de gestion des adventices, de dégradation et de rendement
- Les outils spécifiques réalisés pour le projet, leur adaptation et leur création
- L’intérêt porté au projet, en témoigne le nombre de personnes présentes, et la prise de décision collective
Au niveau des questions (La formulation exacte était « Quelles questions je me pose maintenant »), on trouve :
- Est ce que j’ai pas fait une connerie en m’installant ?
- Est ce que les systèmes EVMAX et CONS vont encore évoluer avec le temps ?
- Quels outils sont les plus importants pour les systèmes ?
- Comment mettre en pratique et transposer les résultats sur les fermes, sur d’autres types de sol, à plus grande échelle ?
- Serait-il possible de mettre en place un ITK hybride entre EVMAX et CONS
- Quels sont les performances des couverts ?
- Quelles ont été les règles de décisions et les ITK ?
- Quels sont les résultats des bougies poreuses ?
- Qu’en est-il de la qualité nutritive et gustative des légumes selon les systèmes ?
- Quel est l’intérêt de continuer en MSV ?
- Quelle évaluation de la relation sensible entre maraicher et sol vivant ?
- Quelles sont les conclusions concrètes
Certaines de ces questions peuvent déjà trouver leurs réponses, ou les trouveront sous peu (couvert, bougies poreuses, qualité nutritive, ITK)
D’autres mériteront des expérimentations plus poussées… affaire à suivre !
En tous cas, merci à nos différents partenaires pour cette journée et ces 8 années
Merci également aux financeurs qui nous ont suivi pour ce projet, en particulier pour 2023 :