Cultiver sous abri 21/04/18

A Vieux Thann, nous avons eu l’occasion de visiter le jardin de Raymond Cronenberger, jardinier amateur passionné !
Le thème de la visite portait sur la culture sous abri, avec l’exemple des serres de Raymond. Ce fut l’occasion de bénéficier de nombreux conseils en tout genre sur le jardinage.

Au tout début de la visite, nous avons pu voir la maison à insectes qui abritait les osmies, de petites abeilles sauvages solitaires. Par opposition aux abeilles coloniales, celles-ci mènent leur vie en autonomie. On a pu observer que les femelles peuvent facilement décoller mais les mâles, plus lourds ont besoin d’une « rampe » pour prendre de l’élan et décoller.

Aujourd’hui les hôtels à insectes peuvent être d’une grande aide pour les insectes car il n’y a parfois plus suffisamment de zones diversifiées capables de les loger. Mais surtout, ils permettent d’observer facilement la diversité des abeilles solitaires.

Petite parenthèse sur les limaces :
Les limaces ne sont pas uniquement mauvaises, elles contribuent à l’équilibre naturel du potager (participent à la biodégradation de matières organiques). Mais il est vrai qu’elles peuvent rapidement prendre une place trop importante en se régalant des productions du potager. Pour les « piéger » la technique de la tuile ou planche en bois est efficace. Il fait plus humide sous ces dernières et donc elles s’y réfugient lorsque les conditions extérieures ne sont pas propices pour elles. On peut alors les retirer en grand nombre. Les hérissons en grignotent aussi un peu.

« Tous les ans au jardin, il y a un échec quelque part » nous rappelle Raymond. Cette année il a perdu tous ses plants de tomate qu’il avait placés dans sa serre. Le compost présent dans la serre était bien chaud. Les souris s’y sont réfugiées et ont mangé tous ses plants.

Il pratique majoritairement la technique des cultures sur buttes avec du compost parfois récupéré, parfois acheté .

Lorsque l’on reçoit du compost encore frais comme celui qu’il utilise, le laisser de côté pendant 1 an est une bonne idée. Le compost pourra mûrir et présentera moins de risques pour les semis. Les maladies fongiques notamment seront moins un souci.

Avec cette technique de culure surélevée et d’apport conséquent en compost les pommes de terre n’ont été arrosées qu’une ou deux fois. On a pu remarquer la présence de nombreux vers de terre.

Dans les buttes, nous avons pu voir des larves de cétoines dorées, auxiliaires au potager, souvent confondues avec les larves de hanneton. Bien connaître les habitants de son jardin est important.

Globalement comme le substrat utilisé pour la culture sur butte retient bien l’eau, la terre n’était pas trop sèche alors que c’est souvent le cas pour les cultures surélevées dans des coffrages. Chez Raymond, les bacs sont faits en béton, ce qui reste un matériaux fiable et bon marché et surtout durable.

Comme la terre est plus chaude en hauteur et très riche, elle permet les cultures successives de pommes de terre, puis 3 semis de carottes échelonnés, puis de la salade d’hiver par exemple.

On a pu voir les chouchou (chayotte) avec le pied dans une serre. La plante parvient à sortir de la serre en grimpant le long d’un grillage. Les chayottes de ce jardin peuvent grimper sur une longueur de 12-15m !
Chaque plant peut ainsi produire entre 25 et 30kg de légumes !

Cela fait 30 ans que Raymond n’utilise plus le motoculteur, simplement le croc pour travailler la terre en surface si besoin.

Il pratique également la technique du semis en gel. La technique consiste à semer alors que le sol est encore gelé. Les graines germeront d’elles-même au printemps lorsque les conditions sont favorables. Cette année il lui a fallut protéger les semis en gel de carottes contre les oiseaux : il a utilisé un voile.

On a également pu voir un essai comparatif de semis en lune montante/descendante. Apparemment en lune descendante les racines prennent mieux.

Toutes les buttes du jardin n’ont pas été construites en un an ! Chaque année du nouveau vient compléter le jardin, le changer un peu. Raymond a conseillé de débuter avec petit potager et d’agrandir au fur et à mesure. Par exemple commencer d’abord avec une butte de 2-3m avant d’agrandir par la suite.

Raymond cueille ses premiers haricots pour la fête des pères puis d’autres jusque septembre/décembre selon les années.

L’utilisation de l’urine pour amender le jardin peut être pratiquée avec de la cendre de bois. Raymond utilise aussi du purin d’ortie, de la consoude. Il faut penser à diluer ses préparations. Mieux vaut ne pas donner des préparations trop riches, et/ou trop souvent, au risque de rendre ses plantes chétives et dépendantes (enracinement peu profond par exemple, car toutes les ressources nécessaires se trouvent en surface).

Pour l’arrosage, c’est à peu près la même idée, il faut arroser, mais pas de trop ! Raymond arrose environ jusque 2 fois par semaine.

Les tomates en jauge observées sous serre sont issus du semis naturel de l’an passé. Les plants qu’il souhaite garder pourront être utilisés cette année. La technique du semis en gel marcherait aussi pour les tomates !
Raymond rappelle que les tomates et aubergines ne poussent pas forcément plus vite à l’intérieur d’une serre qu’à l’extérieur. Lorsque la saison est installée elles peuvent croître plus rapidement dehors.
Les serres permettent surtout de démarrer des semis/plantations plus tôt dans la saison !

Raymond teste l’électroculture. Il s’agit d’une technique qui vise à modifier l’environnement électrique des plantes en leur faveur. Elles seraient ainsi plus résistantes et productives. Pour cela il utilise des aimants dans une butte et fait un test comparatif. Le nord magnétique des aimants doit faire face au Sud géographique.

Plus loin dans son potager il y avait une vigne. Au pied de cette vigne on a pu voir un fil de cuivre, qui aiderait à la renforcer.

Après la visite du potager de Raymond, nous avons eu la possibilité de nous rendre aux jardins familiaux de Vieux-Thann

Les jardins sont découpés en 14 parcelles , dont chaque personne est libre de cultiver comme il le souhaite mais sans produits !

Les débutants sont parrainés s’ils le souhaitent pour découvrir les techniques de jardinage. Les allées sont désherbées équitablement et manuellement. Comme il y a des petits arbres fruitiers dedans, ils sont disponibles pour tout le monde.

Il y a un partenariat avec le parc de Wesserling qui fait que les jardins du parc sont gratuits à tous les jardiniers des jardins familiaux de Vieux-Thann !

On a pu voir des jardins très différents, tous intéressants, avec à l’entrée un magnifique hôtel à insectes, abreuvoir en casserole, chambre spéciale hérisson. Merci à Raymond et à toute l’équipe des jardins familiaux de Vieux-Thann pour leur accueil chaleureux !